Journal du climat

août 2024

Tous les deux mois, nous classons tout ce qui est important en matière de politique et de science. Pour les personnes qui souhaitent se tenir au courant des discussions sur la crise climatique.

Contenu

Éditorial

Dans ce numéro, nous expliquons comment la Confédération met un frein à la protection du climat et ce qui se passe après le oui à la loi sur l'électricité. Nous offrons un aperçu factuel de l’initiative pour la biodiversité et rapportons des chiffres trompeurs sur l’utilité des nouvelles autoroutes.

Les pays riches continuent d'approuver de nombreuses nouvelles licences d'extraction de pétrole et de gaz. Des tribunaux secrets interviennent de plus en plus souvent dans la politique climatique des pays et imposent le paiement d'indemnités aux entreprises fossiles. La Cour suprême des États-Unis annule les lois environnementales, ce dont un nouveau gouvernement démocrate sous Harris/Walz pourrait également faire les frais, bien qu’il souhaite s’engager résolument pour une meilleure protection du climat.

Les effets de la crise climatique se font sentir de plus en plus violemment dans le monde entier. Nous parlons de l’été caniculaire meurtrier, des nombreux incendies de forêt et des inondations. Nous pourrions, à chaque fois, remplir tout le journal climatique avec des nouvelles sur des événements extrêmes et des "catastrophes naturelles". Il est important que nous prenions conscience de l’impact énorme que notre société, notre économie et notre mode de vie ont sur nous. Encore et encore. Mais à trop insister, on risque de se sentir impuissant. Nous essayons de trouver un juste milieu dans le journal du climat et terminons, comme toujours, par des conseils pour lutter contre le désespoir.

Suisse

Intempéries dévastatrices et influence du changement climatique

De fortes précipitations en mai et début juin ont provoqué des inondations du lac des Quatre-Cantons au lac de Constance ainsi que le long du Rhin. Des précipitations particulièrement violentes ont touché le Misox le 21 juin et ont déclenché une lave torrentielle (plus d'informations à ce sujet dans le Tages-Anzeiger et la NZZ). Des inondations ont également eu lieu en Valais, où les fortes pluies et la fonte des neiges ont contribué à ce phénomène ; juste avant, les températures étaient estivales (plus d'informations sur MétéoSuisse et sur SRF). Fin juin, des précipitations extrêmes ont touché le Val Maggia (plus d'informations à ce sujet dans le Blick et la NZZ) et à nouveau le Valais (NZZ et Blick).

Au moins dix personnes ont perdu la vie lors des intempéries de juin. Des maisons et des routes ont été détruites et les dégâts se sont élevés à 200 millions de francs. Les articles de presse qui ont suivi se sont d'abord focalisés sur la question de savoir si certaines vallées alpines devaient être abandonnées face aux dangers et quelles autres mesures de protection étaient nécessaires, dans le Tages-Anzeiger (paywall), la Sonntags-Zeitung (paywall), ici et ici dans la NZZ, sur SRF et dans l'hebdomadaire.

La question de l'influence du changement climatique a également suscité des discussions. Ce qui est frappant : l'augmentation des précipitations extrêmes et des glissements de terrain coïncide avec les scénarios climatiques de MétéoSuisse. Selon les prévisions établies à la demande de la Confédération, les fortes précipitations seront plus fréquentes et plus intenses en raison du réchauffement climatique. L'une des principales raisons en est que l'air plus chaud peut absorber davantage d'eau. La NZZ rapporte une étude selon laquelle, depuis 1981, les quantités de pluie estivales mesurées en l'espace de dix minutes, et de trois heures, sont devenues nettement plus intenses. Sur la SRF, dans la Südostschweiz (paywall) et dans le Blick, des spécialistes mettent en perspective les événements.

Dans l'Aargauer Zeitung, on peut lire pourquoi, face aux dangers imminents, il faut à la fois protéger davantage le climat et prendre des mesures supplémentaires pour se protéger des intempéries, et pourquoi il ne faut pas opposer ces deux tâches. Le journaliste de la Republik Elia Blülle explique pourquoi il est crucial de limiter rapidement le réchauffement climatique mondial en utilisant le concept de "limits to adaptation". On entend par là les limites technologiques, écologiques et économiques à partir desquelles les mesures d'adaptation ne suffisent plus à maîtriser les effets négatifs du réchauffement climatique. Ces limites peuvent être atteintes dans l'espace alpin.

La chaleur - un risque sous-estimé

La NZZ rappelle que la chaleur représente un danger bien plus grand que les laves torrentielles. Elle fait référence à une étude selon laquelle, en cas de réchauffement de la planète de 2 °C, plus de 1200 personnes en moyenne meurent chaque année en Suisse à cause de la chaleur, soit quatre fois plus qu'en 1990. Dans la NZZ am Sonntag, on peut lire pourquoi la protection contre les vagues de chaleur doit être améliorée en Suisse afin que le nombre de décès dus à la chaleur n'augmente pas. Il faut agir en premier lieu dans les villes. Il s'agit de désimperméabiliser les sols, de créer des espaces verts supplémentaires et de créer des espaces rafraîchis pour tous. Le blog de l'avenir de l'ETH Zurich explique comment les villes peuvent être refroidies plus efficacement.

L'indicateur de Kimain "Décès dus à la chaleur" publié par l'Office fédéral de l'environnement montre combien de personnes meurent en Suisse des suites de la chaleur. Durant l'été 2023, 542 décès ont été attribués à la chaleur. Environ 95% d'entre eux concernaient des personnes âgées de 75 ans et plus, et près de deux tiers étaient des femmes. A titre de comparaison, plus de 47'000 personnes sont décédées en Europe en 2023 des suites de températures élevées, comme le montre une étude publiée dans "Nature Medicine".

L'Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH) a analysé plus en détail l'été caniculaire 2023. Il en ressort que les taux de mortalité liés à la chaleur ont été les plus élevés au Tessin (13 décès pour 100'000 habitants). Dans les cantons du Valais, de Genève, de Vaud et de Bâle-Ville, ce chiffre était de 9 à 10 cas pour 100'000 habitants. Selon l'étude, dans les phases modérément chaudes, la mortalité liée à la chaleur n'augmente pas parallèlement à la température, mais moins fortement. Les chercheurs expliquent ce phénomène par des changements de comportement et des adaptations architecturales. En revanche, lors des journées chaudes et très chaudes, la mortalité a augmenté sur la période analysée.

Dans une autre étude publiée dans la revue Environmental Research, le Swiss TPH a examiné pour huit villes suisses comment les îlots de chaleur, les espaces verts et les facteurs socio-économiques influencent la mortalité. L'étude s'est basée sur les données individuelles de mortalité pour les mois chauds des années 2003 à 2016, en tenant compte pour chaque décès de l'endroit exact et donc aussi de la chaleur, de la verdure et de la prospérité de l'environnement. L'un des principaux résultats est le suivant : lors d'une journée de canicule avec une température maximale de 35 °C, 26% de personnes en plus meurent dans les îlots de chaleur urbains de Suisse que dans les autres zones urbaines. Les personnes âgées sont particulièrement menacées. Parallèlement, l'étude montre que les jeunes courent également un risque plus élevé s'ils vivent dans des quartiers moins privilégiés ; cela peut être lié à des bâtiments d'habitation mal isolés ou à une forte exposition à la chaleur pendant le travail. Plus d'informations dans le Tages-Anzeiger (paywall).

La Confédération freine la protection du climat

En juin 2023, les électeurs ont accepté la loi sur la protection du climat. Celle-ci stipule également que la Confédération et les cantons doivent jouer un rôle de modèle en matière de protection du climat et atteindre la neutralité climatique dès 2040, soit dix ans plus tôt que la Suisse. Pour la mise en œuvre, le département du conseiller fédéral Albert Rösti se laisse beaucoup de temps. L'ordonnance qui règle les détails ne sera mise en consultation qu'au milieu de l'année 2025, a décidé le Conseil fédéral en août. L'association Protection du climat Suisse critique cette attitude hésitante et a lancé une pétition pour que les dispositions puissent entrer en vigueur dès le début de l'année 2025. Dans le Tages-Anzeiger (paywall), on peut lire que d'autres départements retardent également la mise en œuvre, pour des raisons de coûts ou parce que les directives sont trop strictes.

Après l'arrêt sur le climat rendu par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) à l'encontre de la Suisse, la question de savoir si la politique peut faire plus pour atteindre les objectifs climatiques a fait l'objet d'un débat controversé. Et dans quelle mesure le peuple, qui a le dernier mot, empêche les mesures ambitieuses (par exemple en refusant la loi sur le CO2 en 2021). Une analyse du WWF montre aujourd'hui que le Conseil fédéral est loin d'avoir épuisé sa marge de manœuvre en matière de protection du climat. L'organisation environnementale demande que des améliorations soient apportées : à la loi sur la protection du climat (exigences posées au secteur financier et rôle de modèle de la Confédération et des cantons), à la loi sur le CO2 (montants maximaux légaux pour les taxes à affectation obligatoire, notamment pour l'obligation de compensation pour les importateurs de carburant), à la loi sur l'électricité (améliorer la sécurité de planification, par exemple pour la construction d'installations solaires sur les bâtiments), à la loi sur la protection de l'environnement (introduire des dispositions pour réduire l'empreinte dans le domaine du bâtiment lors de nouvelles constructions et de transformations). Pour que la Suisse puisse atteindre les objectifs de la loi sur la protection du climat et respecter ses engagements internationaux, des mesures supplémentaires de politique climatique sont toutefois nécessaires, selon le WWF. Le Conseil fédéral, le Parlement, les cantons et les communes sont ici appelés à agir.

Dans le Tages-Anzeiger (paywall), Helen Keller, ancienne juge à la Cour européenne des droits de l'homme, et le conseiller aux Etats socialiste Daniel Jositsch discutent de la décision de Strasbourg sur le climat. Elle la trouve "révolutionnaire", lui "erronée". Treihauspodcast.ch analyse la décision du Parlement de ne pas suivre le jugement.

Qui finance les émissions négatives ? Le Tages-Anzeiger (paywall) se penche sur cette question. Au vu des émissions élevées de CO2, les spécialistes s'accordent à dire qu'il faut extraire de l'atmosphère de grandes quantités de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. On parle beaucoup des possibilités techniques (p. ex. l'entreprise suisse Climeworks). On oublie que les conditions financières doivent également être créées pour cela. Le cabinet de conseil Boston Consulting Group a calculé combien cela coûterait : A partir de 2050, cela représenterait chaque année 0,5 à 1 % de la performance économique. Pour la Suisse, cela représenterait 5 à 10 milliards de francs. Le WWF propose comme solution un fonds climatique auquel les émetteurs de CO2 contribueraient. La manière de loin la plus avantageuse de capter le CO2 de l'air consiste à protéger les forêts existantes et à reboiser.  

A quel point la Confédération prend-elle au sérieux ses engagements internationaux en matière de protection du climat ? Pas trop. Lors de la conférence sur le climat de 2021 à Glasgow, la Suisse avait promis de stopper les aides publiques aux projets d'énergie fossile à l'étranger. Or, une enquête de la SRF montre que l'Assurance suisse contre les risques à l'exportation (SERV) soutient une nouvelle centrale à gaz au Turkménistan, pays au régime autoritaire. Pour permettre le commerce du gaz naturel malgré la promesse, la SERV a adapté ses directives. Désormais, elle peut également assurer des projets d'énergie fossile si ceux-ci servent les intérêts de la Suisse en matière de politique économique, étrangère, commerciale et de développement.

Avec l'ordonnance relative à la loi sur le CO2, le Conseil fédéral veut fixer les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des différents secteurs jusqu'en 2030. Il a ouvert la procédure de consultation à ce sujet fin juin. En mars, le Parlement avait approuvé la loi sur le CO2 ; elle n'est toutefois pas suffisante pour que la Suisse puisse respecter ses objectifs climatiques (voir le journal du climat d'avril).  L'accord de Paris sur le climat fixe un objectif de réduction de 50% par rapport à 1990. Le secteur du bâtiment doit réduire les émissions de CO2 de 50% par rapport à 1990, l'industrie de 35%, les transports et l'agriculture de 25%.

La statistique CO2 publiée début juillet montre à quel point la Suisse est éloignée de ces objectifs. En 2023, les émissions de CO2 dues au mazout et au gaz ont diminué de 8,8% par rapport à l'année précédente (l'influence des conditions météorologiques est prise en compte). Selon l'Office fédéral de l'environnement, cette réduction est surtout due à l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments et à l'utilisation accrue d'énergies renouvelables pour le chauffage. En revanche, les émissions de CO2 dues aux carburants sont restées identiques à celles de l'année précédente. Le recul par rapport à 1990 n'est que de 5,2%. Le fait que les importateurs de voitures aient atteint pour la première fois les valeurs cibles de CO2, selon l'Office fédéral de l'énergie, n'y change rien.  Plus d'informations sur SRF.

Le WWF souligne que la Suisse n'a pu réduire ses émissions de CO2 que de 27% au cours des 33 années qui ont suivi 1990. Pour réduire de moitié les émissions d'ici 2030, comme convenu au niveau international, la Suisse devrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 23% supplémentaires au cours des sept années restantes. La politique climatique actuelle, très timide, ne permet pas d'atteindre cet objectif. On estime ainsi que la Suisse devra acheter à l'étranger des certificats pour 50 millions de tonnes de CO2 d'ici 2030. 

Même si le secteur du bâtiment atteint les objectifs de réduction, de gros efforts sont encore nécessaires pour rendre le parc immobilier climatiquement neutre d'ici 2050. Environ deux tiers de tous les immeubles collectifs et 60% des maisons individuelles utilisées comme résidences principales ne sont pas encore chauffés de manière durable, révèle la société de conseil Wüest Partner dans une étude. Pour assainir le million de maisons d'habitation d'ici 2050, des investissements de 52 à 228 milliards de francs sont nécessaires (remplacement pur et simple du chauffage ou assainissement énergétique complet). L'étude montre que les rénovations dans les immeubles locatifs entraînent des économies de coûts pour les locataires. Plus d'informations sur SRF et la NZZ (paywall).

Il y a encore un domaine dans lequel il faut agir pour protéger le climat : les bateaux de croisière. Bien que la Suisse soit un pays sans accès à la mer, plusieurs entreprises dirigent leur flotte de bateaux depuis notre pays. Aucun autre pays d'Europe ne contrôle autant de bateaux de croisière, comme le montre une enquête de Fairunterwegs, une ONG pour le tourisme durable. Ceux-ci émettent des quantités considérables de CO2. La Suisse ne voit pas la nécessité d'agir. Fairunterwegs espère des règles sur la responsabilité des entreprises et que la Confédération reprenne les directives de l'UE. Plus d'informations dans le Blick.

Quelles suites après le oui à la loi sur l’électricité ?

Le 9 juin, les citoyens ont accepté la loi sur l'électricité avec 68,7% des voix. Le projet, qui fixe des objectifs contraignants de développement des énergies renouvelables d'ici 2035, a été largement approuvé par l'ensemble du spectre politique, à l'exception du camp de l'UDC. C'est ce que montre l'analyse de la votation effectuée par l'institut de recherche gfs Berne.

Les personnes qui accordent plus d'importance à la protection de l'environnement qu'à la prospérité économique et qui rejettent l'énergie nucléaire ont été particulièrement nombreuses à voter oui. Ceux qui ont voté oui ont notamment justifié leur vote par le fait que la nouvelle loi permettrait de réduire la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Ceux qui ont rejeté la loi craignent que les paysages ne soient défigurés et que les droits démocratiques de participation ne soient réduits. Dès le dimanche de la votation, les débats politiques sur la mise en œuvre ont commencé (voir le journal du climat de juin).

Il semble que les grands projets hydroélectriques ne se réaliseront sans doute pas aussi rapidement que certains l'espéraient avec l'adoption de la loi sur l'électricité. Deux projets en particulier continuent de susciter l'opposition : les barrages prévus sur le Trift dans l'Oberland bernois et près du glacier du Gorner en Valais. Plus d'informations à ce sujet dans le Tages-Anzeiger (paywall) et la NZZ. En revanche, le rehaussement du barrage du Grimsel se rapproche. La Fédération de pêche, le Club alpin suisse, la Fondation pour la protection et l'aménagement du paysage, Pro Natura, le WWF et Aqua Viva ont signé un accord avec les Forces motrices de l'Oberhasli (KWO). Selon cet accord, ils acceptent le rehaussement de 23 mètres des murs de barrage près de l'hospice du Grimsel. En contrepartie, des tronçons de rivière seront revitalisés, des sites secs seront revalorisés et d'autres mesures de remplacement seront prises. Il reste à savoir si d'autres organisations environnementales vont s'opposer au projet par des moyens juridiques, peut-on lire dans le Thuner Tagblatt.

Les lobbyistes du nucléaire espèrent que le Conseil fédéral lèvera l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires. Selon l'Aargauer Zeitung (paywall), le Conseil fédéral voulait déjà prendre cette décision à la mi-août - comme contre-projet indirect à l'initiative Blackout (selon laquelle toutes les énergies respectueuses du climat doivent être autorisées à l'avenir). Mais la proposition correspondante a été reportée, comme le rapporte le Tages-Anzeiger. Le conseiller fédéral Albert Rösti doit fournir des informations supplémentaires, notamment sur la question de savoir s'il est admissible de lever l'interdiction de construire de nouveaux bâtiments, décidée par le peuple en 2017.

La mise en œuvre de la loi sur l'électricité suscite également des discussions. Avant même la votation, le Conseil fédéral avait mis en consultation l'ordonnance relative à la loi sur l'électricité. La baisse des rétributions minimales pour les installations solaires qui y est proposée a suscité l'inquiétude du secteur. L'Office fédéral de l'énergie (OFEN) justifie cette adaptation par le fait que les installations solaires sont rentables grâce à la consommation propre. Swissolar critique le fait que les hypothèses de l'OFEN concernant la consommation propre sont beaucoup trop élevées. L'association professionnelle exige des rétributions minimales qui restent identiques pendant 25 ans. Cela permettrait de garantir une exploitation rentable de toutes les installations solaires sur toute leur durée, même si la consommation propre est faible. La Fondation suisse de l'énergie (SES) déplore également ce faible niveau des rétributions minimales. De plus, il manque des incitations financières et des mesures pour changer les comportements dans le domaine de l'efficacité énergétique. Enfin, la SES exige des améliorations en matière de protection de la biodiversité. Une décision du Conseil fédéral est attendue d'ici l'automne. Plus d'informations dans le Thuner Tagblatt.

Plus de solaire et nouvelles critiques sur les centrales de réserve

L'effet modérateur de la pandémie de Covid sur la demande d'énergie est terminé. En 2023, la consommation finale d'énergie en Suisse a augmenté de 0,3% par rapport à l'année précédente. La raison principale de cette hausse est la nette augmentation de 19% du trafic aérien. Selon l'Office fédéral de l'énergie (OFEN), la consommation de diesel et d'essence a également augmenté, de 0,3%. Parallèlement, la consommation de gaz naturel a diminué de 6% et celle de mazout de 3%. En contrepartie, davantage de sources d'énergie renouvelables ont été utilisées pour le chauffage. Le bois-énergie, la chaleur ambiante, le chauffage à distance et le chauffage solaire représentent désormais 11,8% de la consommation totale d'énergie. Plus d'informations sur SRF.

La production d'électricité solaire a connu une forte croissance. Selon la "Statistique de l'énergie solaire" de l'OFEN, le marché a connu une croissance de 51% en 2023. Il s'agit de la quatrième année consécutive de croissance du marché de plus de 40%. Une puissance photovoltaïque supplémentaire de 1,6 gigawatt a été installée. Au total, des panneaux solaires d'une puissance de 6,4 gigawatts étaient installés fin 2023, couvrant ainsi plus de 8% des besoins en électricité de la Suisse au cours de l'année. Pour respecter les prescriptions de la nouvelle loi sur l'électricité, l'électricité solaire devra être presque multipliée par cinq au cours des dix prochaines années. Pour en savoir plus, consultez Swissolar.

A l'exception de petits projets sur des barrages, presque tous les projets solaires alpins sont toujours en phase de planification. Deux projets disposent désormais d'une autorisation juridiquement valable, SedrunSolar et Vorab, tous deux dans les Grisons ; au-dessus de Sedrun, le début des travaux a eu lieu en août (Tages-Anzeiger). Selon la liste de l'Association des entreprises électriques suisses, 44 projets solaires alpins sont actuellement en cours de planification (dernière mise à jour 27.06.2024). Une demande de permis de construire a été déposée pour dix des installations prévues, comme le montre un aperçu de l'Office fédéral de l'énergie.

Pro Natura, la Fondation pour la protection et l'aménagement du paysage et Mountain Wilderness ont déposé une opposition contre le plus grand parc solaire prévu dans les Alpes, celui de Grengiols en Valais. Les associations environnementales critiquent le fait que le projet soit prévu dans le parc paysager du Binntal. D’autant plus que le site est un hotspot pour les oiseaux. D'ici fin 2025, les installations devront injecter une partie de l'électricité prévue dans le réseau pour que la Confédération participe aux coûts. Le temps étant compté, la Confédération étudie la possibilité de prolonger le financement par voie d'ordonnance. Plus d'informations à ce sujet dans le Tages-Anzeiger.

La loi sur l'électricité ouvre la voie au développement des centrales solaires, hydroélectriques et éoliennes. Mais pour que l'électricité parvienne aux consommateurs, il faut des lignes électriques supplémentaires. Le Conseil fédéral vient d'indiquer comment il entend accélérer l'extension des réseaux électriques. La procédure de consultation relative à la révision de la loi sur l'électricité est ouverte jusqu'en octobre. Le projet prévoit de simplifier les procédures d'autorisation pour la transformation et l'extension des réseaux électriques. L'intérêt à la réalisation de nouvelles lignes de transport doit en principe primer sur les autres intérêts nationaux. Et à l'avenir, les lignes de transport devront en principe être réalisées sous forme de lignes aériennes. La construction de lignes enterrées ne doit plus être examinée que si une ligne aérienne entraîne un rayonnement non ionisant excessif et porte atteinte à des objets de protection de la nature et du patrimoine d'importance nationale. Plus d'informations dans le Tages-Anzeiger (paywall).

Dans une étude, l'Association des entreprises électriques suisses (AES) met en garde contre les coûts d'extension du réseau électrique. Ce sont surtout les installations solaires décentralisées qui nécessiteraient des investissements supplémentaires. La construction de grandes centrales électriques serait moins coûteuse. L'association économique swisscleantech critique le fait que l'étude de l'AES se base sur des concepts dépassés d'extension du réseau, selon lesquels chaque kilowattheure produit doit être transporté dans le réseau. A l'avenir, le réseau électrique doit avant tout être orienté vers la demande. L'électricité qui n'est pas demandée ne doit pas être acheminée vers le réseau. De plus, grâce à des batteries de stockage moins chères et à l'e-mobilité, l'autoconsommation va augmenter et continuer à décharger le réseau. Plus d'informations sur srf.ch.

Trop chères, erronées du point de vue de la politique climatique, sans base légale : les centrales de réserve avec lesquelles la Confédération veut garantir l'approvisionnement en électricité font l'objet de nombreuses critiques. Mi-juin, un nouveau revers a été essuyé : l'Office fédéral de l'énergie a interrompu l'appel d'offres pour de nouvelles centrales de réserve à partir de 2026, car les coûts des offres étaient trop élevés. D'ici là, des centrales électriques à Birr et en Suisse romande seront prêtes à mettre en marche les générateurs à gaz ou à pétrole en cas de pénurie. L'OFEN veut désormais négocier directement avec les entreprises d'électricité. Dans la NZZ am Sonntag, on peut lire combien d'argent les entreprises d'électricité voulaient obtenir de la Confédération : Pour une puissance de 590 mégawatts (soit environ un tiers de la puissance des nouveaux modules solaires installés en 2023), 2,6 milliards de francs ont été demandés. Les consommateurs devraient payer ces coûts en prélevant une taxe sur chaque kilowattheure d'électricité consommé. A cela s'ajoute le coût des combustibles lorsque les installations sont en service.

L'industrie critique également les plans de l'office fédéral. L'association économique Swissmem a proposé au Conseil fédéral des mesures visant à réduire la demande en électricité en cas de pénurie. Mais celui-ci n'a pas donné suite, comme on peut le lire dans la NZZ. Swissmem s'engage en faveur de ce que l'on appelle une réserve de consommation. Les gros consommateurs s'engageraient à réduire leur demande ou à arrêter complètement leur production en cas d'urgence. En contrepartie, ils recevraient un dédommagement de la part de la Confédération.

La consommation de viande continue d'être encouragée

En fait, la Confédération souhaite que l'on consomme moins de viande en Suisse. Les raisons sont nombreuses : effets négatifs à long terme sur la santé humaine, émission de grandes quantités de gaz à effet de serre et atteinte à la biodiversité. Pourtant, la Confédération verse chaque année 5,4 millions de francs suisses pour la promotion des ventes de viande. Les dépenses de l'État pour la promotion des ventes de viande, de lait et d'œufs s'élèvent à 34-38 millions de francs par an. Et cela ne doit pas changer, selon la volonté du Conseil fédéral. Dans un rapport, il avait fait étudier l'impact de différents instruments de subvention. En ce qui concerne la promotion des ventes de produits animaliers, il se contente de dire qu'il n'est "pas possible de quantifier l'effet". Le Conseil fédéral n'est pas seul dans sa position - le Conseil national et le Conseil des Etats avaient récemment décidé de poursuivre la publicité étatique pour la viande. Le Tages-Anzeiger (paywall) donne la parole aux critiques de cette décision.

Les grands distributeurs font encore plus de promotion pour les produits animaux. Leurs dépenses publicitaires sont estimées à plusieurs centaines de millions de francs par an. En Suisse, près de la moitié de la viande est vendue par le biais de réductions, peut-on lire dans le Tages-Anzeiger (paywall). En raison de cette pratique, Migros et Coop ratent leurs objectifs climatiques, montre Greenpeace dans une étude. Les deux grands distributeurs souhaitent atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. L'organisation environnementale a calculé que 30% de l'empreinte climatique totale de la Suisse (marchandises importées comprises) passent par le comptoir des deux entreprises. Chez Coop, les produits animaux représentent 47% des émissions totales de gaz à effet de serre, chez Migros plus d'un tiers. Greenpeace souligne qu'il n'y a pas d'autre solution que de réduire l'assortiment de produits d'origine animale. Plus d'informations sur Le Temps (paywall).

Franziska Herren fait une avancée politique pour limiter la consommation d'aliments d'origine animale. Mi-août, elle a déposé les signatures nécessaires pour l'initiative sur l'alimentation. La Bernoise avait lancé l'initiative sur l'eau potable, qui avait été rejetée par le peuple en 2021. La nouvelle initiative veut obliger la Confédération à prendre des mesures qui encouragent un mode d'alimentation basé sur des aliments végétaux. Parallèlement, la dépendance vis-à-vis de l'étranger doit être réduite et l'eau potable doit être garantie. Plus d'informations dans la NZZ (paywall), le Tages-Anzeiger (paywall) et le Blick.

Biodiversité : les faits concernant l'initiative

Le 22 septembre, nous voterons sur l'initiative pour la biodiversité. Déposée il y a quatre ans par des organisations de protection de la nature et de l'environnement, elle vise à mieux ancrer la protection de nos bases vitales dans la Constitution. La Confédération et les cantons doivent être obligés de mettre à disposition davantage de surfaces et de moyens financiers à cet effet.

Le Conseil fédéral avait reconnu les préoccupations importantes des initiants et avait décidé d'élaborer un contre-projet indirect. Il voulait créer suffisamment de surfaces protégées pour garantir l'espace vital des animaux et des plantes. Mais le Parlement a rejeté le contre-projet : Le Conseil des États n'était pas prêt à un compromis et s'est opposé à toute réglementation supplémentaire. Le Tages-Anzeiger (paywall) fournit de plus amples informations sur le projet dans un article de synthèse. Si l'initiative avait été votée début août, elle aurait été acceptée de justesse, comme le montre un sondage Tamedia. 51% des personnes interrogées ont indiqué qu'elles voteraient oui. 7% sont encore indécis. Un sondage de la SRF parvient au même résultat.

La Suisse est l'un des derniers pays d'Europe en matière de protection de la biodiversité. Un tiers des espèces étudiées sont menacées ou déjà éteintes. La moitié des habitats naturels sont menacés - les cours d'eau, les marais et les surfaces agricoles sont particulièrement sous pression. Et la Suisse n'a placé qu'une petite surface sous protection ; elle se trouve en bas du classement européen, avec la Turquie et la Bosnie-Herzégovine (plus d'informations sur BirdLife Suisse). L'hebdomadaire se demande pourquoi même de nombreuses personnes de gauche ne s'intéressent pas à la diversité biologique.

La préservation et la promotion de la biodiversité sont également importantes dans la lutte contre le changement climatique. Pourquoi ? Les deux crises sont liées. L'agriculture intensive et la déforestation ne menacent pas seulement la biodiversité, mais libèrent également des gaz à effet de serre. Inversement, le changement climatique accélère la perte de biodiversité. L'Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT) a rédigé un rapport à ce sujet.

Dans le journal en ligne infosperber.ch, deux chercheuses de l'Université de Zurich expliquent quelles adaptations fondamentales sont nécessaires pour maîtriser simultanément la crise du climat et celle de la biodiversité. Selon elles, les paradigmes du système économique actuel doivent être repensés. On peut lire sur le site de la Fondation suisse de l'énergie pourquoi la promotion de la biodiversité ne compromet pas le développement des énergies renouvelables.

L'Union suisse des paysans rejette l'initiative sur la biodiversité, la jugeant "trop extrême et inutile". Elle la combat entre autres par une étude commandée. On y lit : "Les augmentations et les diminutions s'équilibrent pour presque tous les groupes d'organismes considérés, respectivement on constate des augmentations plus ou moins nettes". Dans une interview accordée à la NZZ, l'auteur de l'étude a déclaré : "Il existe bien sûr encore des zones problématiques, mais le bilan global est positif".

Les scientifiques critiquent vivement l'étude. Dans le Tages-Anzeiger (paywall), un professeur d'écosystèmes et d'évolution du paysage de l'EPFZ affirme clairement : "Tous les indicateurs montrent que la biodiversité continue de diminuer en Suisse". Plus de détails dans le Blick et l'Aargauer Zeitung (paywall). Ce n'est pas la première publication douteuse sur la biodiversité en Suisse. En mai déjà, le magazine en ligne Republik a rapporté que l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) avait enjolivé un rapport sur l'état de la biodiversité.

L'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), le centre de compétences pour la biodiversité terrestre en Suisse, a rassemblé les connaissances avérées sur l'état de la biodiversité ainsi que sur les mesures et leur succès. En voici les principaux faits :

  • En Suisse, la biodiversité a subi les plus grandes pertes à partir du milieu du 19e siècle jusque dans les années 1970 et 1980.
  • La plupart des séries d'observations systématiques de la biodiversité ont commencé il y a 20 à 30 ans, à une époque où l'on enregistrait déjà des pertes importantes. Durant cette période, des évolutions positives et négatives ont été observées pour différents groupes d'espèces et habitats.
  • Une augmentation a surtout lieu chez les espèces généralistes. Ce sont des espèces qui sont soit compétitives, soit très flexibles lorsque l'habitat change. En revanche, les espèces spécialistes, qui sont moins flexibles face aux changements et qui dépendent souvent d'habitats très spécifiques, sont en recul.
  • Pour enrayer la disparition des espèces, il faut des surfaces supplémentaires de grande qualité et garanties à long terme. Les surfaces doivent également être mieux reliées entre elles afin de permettre un échange entre les populations.

Chiffres trompeurs sur les avantages des nouvelles autoroutes

La votation sur la construction de nouvelles autoroutes aura lieu le 24 novembre. Les organisations environnementales avaient lancé un référendum contre la décision du Parlement de poursuivre l'extension du réseau des routes nationales pour 5,3 milliards de francs. Comme le montre une enquête de la NZZ am Sonntag (paywall), l'administration fédérale, qui soutient le projet, argumente avec des chiffres douteux. L'utilité économique de l'extension - principalement une réduction des heures d'embouteillage et des temps de trajet plus courts - est chiffrée à 184 millions de francs par an. Mais ce calcul s'appuie sur une ancienne formule. Cette méthode est actuellement en cours de révision et devrait entrer en vigueur dans six à douze mois ; les premiers cantons utilisent déjà la nouvelle base. Selon l'Association Transports et Environnement, cette nouvelle formule réduit l'utilité déclarée à 65 millions de francs, soit environ un tiers du montant actuellement déclaré par la Confédération. La démarche de la Confédération suscite des critiques. Il est "problématique du point de vue de la politique démocratique que la population vote en novembre sur une extension autoroutière pour laquelle une utilité économique est démontrée alors qu'elle ne sera déjà plus valable l'année prochaine", déclare le conseiller national PS Jon Pult. Plus d'informations sur nau.ch.

L'économie s'oppose à l'Initiative pour l'avenir

En février 2024, la Jeunesse socialiste suisse (JS) a déposé l'initiative "Pour une politique climatique sociale financée équitablement par l'impôt (Initiative pour un avenir)". Cette initiative vise à introduire un impôt sur les successions de 50% (à partir d'un montant exonéré de 50 millions de francs) et à lutter contre la crise climatique avec l'argent récolté (6 milliards de francs par an selon les initiants). Avant même que le Parlement n'en discute, de riches entrepreneurs ont lancé un débat contre cette mesure. Dans la Sonntags-Zeitung (paywall) et la NZZ (paywall), ils menacent de quitter la Suisse. Si l'initiative était acceptée, les héritiers devraient vendre les entreprises en raison des impôts élevés.

Dans la Sonntagszeitung (paywall) et la NZZ (paywall), des politiciens bourgeois déclarent qu'ils veulent invalider l'initiative. Concrètement, la clause de rétroactivité doit être supprimée. Avec cette clause, les initiants veulent empêcher les riches entrepreneurs de quitter le pays après l'acceptation de l'initiative, avant que les dispositions d'exécution n'entrent en vigueur. Le Conseil fédéral a déjà laissé entendre qu'il renoncerait à un effet rétroactif lors de la mise en œuvre (si l'initiative est acceptée), rapportent l'Aargauer Zeitung et le Tages-Anzeiger (paywall). Les politiciens bourgeois rejettent un contre-projet avec un impôt modéré sur les successions. Selon un sondage représentatif de Tamedia (paywall), l'initiative est rejetée : 58% des personnes interrogées sont contre, 34% pour. Plus d'informations dans la Sonntagszeitung (paywall), la NZZ am Sonntag (paywall) et la Wochenzeitung.

Place financière : critique de l'autorégulation

Les gestionnaires de fortune des plus grandes banques et assurances suisses ne s'engagent pas assez pour l'environnement et le climat. C'est la conclusion d'une étude commandée par Greenpeace. Grâce à leurs placements financiers dans des entreprises, les instituts sont en fait en mesure d'exercer une influence sur les décisions ayant un impact sur le climat et l'environnement. Mais ils n'assument pas assez cette responsabilité, selon le rapport. Les gestionnaires de fortune renonceraient à exiger des pratiques commerciales durables. L'autorégulation de la place financière suisse n'étant pas suffisante, Greenpeace demande une réglementation claire du secteur. Pour atteindre cet objectif, une initiative est en préparation pour mettre fin aux pratiques néfastes pour l'environnement des acteurs financiers.

Le Conseil fédéral ne veut toutefois pas d'une réglementation plus stricte du secteur financier. Il a décidé fin juin de renoncer à des règles contraignantes pour se protéger du greenwashing. Il continue à faire confiance à l'autorégulation du secteur financier. En octobre dernier, il avait encore ordonné au Département fédéral des finances d'élaborer un projet visant à éviter le greenwashing. Il n'en voit désormais plus la nécessité. Dans le Tages-Anzeiger, Greenpeace critique ce changement de cap. Il est "révoltant que le Conseil fédéral ne prenne pas enfin les choses en main, alors qu'il admet lui-même que l'autorégulation de la branche ne répond toujours pas à toutes ses exigences, même après trois ans".

L'exemple de Glencore illustre l'influence du marché financier sur les entreprises. Le groupe de matières premières basé dans le canton de Zoug voulait se séparer de son activité charbon et l'introduire en bourse dans une nouvelle société. Mais les actionnaires ont empêché cela : une majorité d'entre eux a refusé la scission, car ils ne veulent pas renoncer aux bénéfices réalisés avec le charbon. Plus d'informations dans le Tages-Anzeiger et la NZZ (paywall).

Décisions climat de la Confédération et des cantons

Lorsque les fabricants raccourcissent délibérément la durée de vie de leurs produits (obsolescence programmée), cela agace les consommateurs et nuit à l'environnement. Le Parlement a donné au Conseil fédéral la compétence d'agir contre ce phénomène. Il peut désormais obliger les entreprises à publier des informations sur la durée de vie des produits et sur la manière dont ils peuvent être réparés. Dans un rapport, le Conseil fédéral constate que ces déclarations peuvent réduire la consommation de matériaux et d'énergie. Le Conseil fédéral ne précise pas si cette mesure sera mise en œuvre ni dans quelle temporalité. Ce qui est clair, c'est qu'en cas d'introduction, les réglementations correspondantes de l'UE seront prises en compte afin d'éviter que la Suisse ne fasse cavalier seul. L'UE a décidé début 2024 d'introduire de nouvelles obligations concernant la réparabilité, le greenwashing et l'obsolescence programmée. Plus d'informations dans le Tages-Anzeiger (paywall).

Le canton de Zurich souhaite que des éoliennes soient construites sur des sites appropriés. Il y a deux ans, il était question de près de 50 zones présentant un potentiel. Désormais, la liste a été réduite à 20, écrit la NZZ (paywall). Celles-ci seraient très appropriées. Elles offrent de la place pour environ 70 éoliennes et doivent être inscrites dans le plan directeur cantonal.

Politique climatique internationale

Les tribunaux secrets attaquent la politique climatique

En octobre 2023, une petite entreprise énergétique suisse a entamé une bataille juridique qui pourrait avoir des répercussions mondiales. L'Azienda Elettrica Ticinese (AET) a déposé une plainte contre la République fédérale d'Allemagne devant un tribunal arbitral privé pour contester l'abandon du charbon par l'Allemagne d'ici 2038. L'entreprise demande une indemnisation pour la fermeture, fin 2018, d'une centrale à charbon allemande dans laquelle AET détient une participation. La procédure pourrait créer un dangereux précédent. Pour sa plainte, AET utilise le mécanisme peu connu de règlement des différends entre investisseurs et Etats, en anglais ISDS. Celui-ci a été spécialement conçu pour permettre aux investisseurs de contourner les tribunaux nationaux.

L'ISDS permet aux investisseurs étrangers de poursuivre des pays devant des tribunaux d'entreprise secrets pour obtenir des dommages et intérêts lorsqu'ils perdent des bénéfices à cause d'un instrument politique. Ces tribunaux se composent chacun de trois arbitres - souvent des avocats privés, parfois choisis par l'entreprise plaignante elle-même. Ils statuent sur les plaintes des investisseurs sans tenir compte des lois nationales ou des constitutions.

Le traité sur la Charte de l'énergie est l'un des traités internationaux qui permettent aux investisseurs d'accéder à de tels tribunaux d'arbitrage privés. De nombreux pays de l'UE se sont retirés de la Charte parce qu'ils entravent la mise en œuvre de la politique climatique. Mais la Suisse en est toujours membre. Par ailleurs, il existe environ 2500 autres accords de protection des investissements qui contiennent également des droits de plainte. 

Par rapport aux tribunaux nationaux, les entreprises préfèrent souvent les tribunaux d'arbitrage, car elles ont plus de chances d'y gagner des affaires, d'obtenir des indemnités plus élevées et d'échapper à l'opinion publique critique. Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz qualifie l'ISDS de "terrorisme juridique" et dénonce ses effets néfastes sur la démocratie et la capacité de gouvernance des États.

Depuis les premières plaintes ISDS au début des années 1990, les investisseurs ont pu réclamer plus de 110 milliards de dollars de compensations publiques. Les entreprises fossiles sont celles qui utilisent le plus activement l'ISDS et entravent ainsi les mesures de protection du climat. On constate également un clivage nord-sud : les investisseurs des Etats-Unis, du Canada, de la Grande-Bretagne et de l'UE sont particulièrement enclins à porter plainte. L'Argentine, le Venezuela, le Mexique et l'Égypte sont les pays les plus souvent poursuivis en justice.

Les cas ISDS sont notoirement opaques - certains cas sont tenus totalement secrets ou ne sont connus que des années après leur conclusion. Afin d'apporter plus de lumière dans l'obscurité du monde de l'ISDS, les organisations non gouvernementales Powershift, Transnational Institute et Trade Justice Movement ont créé le "Global ISDS Tracker" - une nouvelle base de données qui regroupe tous les cas d'ISDS connus publiquement et leur contexte. Plus sur Klimareporter.de

La Cour suprême doit évaluer les dommages climatiques

La Cour internationale de justice de La Haye sera bientôt appelée à clarifier la responsabilité juridique des États pour les effets du changement climatique. Bien que le jugement de la Cour ne soit pas contraignant, il sera important pour des milliers de plaintes climatiques. Dans le monde entier, 2666 plaintes ont déjà été déposées. La plupart des plaignants sont des particuliers et des ONG. Ils veulent tous demander des comptes aux gouvernements et aux entreprises pour leurs promesses en matière de climat. La décision du tribunal pourrait être l'un des développements les plus lourds de conséquences pour la politique climatique depuis l'accord de Paris.  Plus d'informations sur Nature. Ceux qui souhaitent s'abonner à une newsletter hebdomadaire sur les affaires judiciaires importantes en matière de climat peuvent le faire ici sur Climate Court.

Les pays riches approuvent de nombreuses nouvelles licences d'extraction de pétrole et de gaz

Les pays occidentaux ont approuvé un nombre énorme de nouvelles licences d'extraction de pétrole et de gaz, comme le montre une nouvelle analyse de l'International Institute for Sustainable Development (IISD). Les licences d'extraction qui seront attribuées cette année dans le monde entier émettront environ 12 milliards de tonnes de CO2 pendant leur durée de vie. C'est environ cinq fois plus que ce que l'ensemble de l'UE a émis en 2023. Les États-Unis sont de loin le plus grand producteur. L'administration de Joe Biden a attribué 1453 nouvelles licences de pétrole et de gaz, soit la moitié du total mondial depuis 2021 et 20% de plus que son prédécesseur Donald Trump durant son mandat. (Vous trouverez un rapport sur l'héritage climatique énorme, contradictoire et fragile de Joe Biden sur Vox).

L'industrie pétrolière et gazière continue également d'investir à grande échelle dans l'influence politique. Au cours des dix dernières années, elle a dépensé, rien qu'aux Etats-Unis, 1,25 milliard de dollars en lobbying et plus de 650 millions de dollars en contributions aux campagnes électorales, voir OpenSecrets.

L'analyse de l'IISD montre également que les entreprises fossiles ont envoyé près de 2500 lobbyistes aux négociations sur le climat à Dubaï et qu'elles ont dépensé plus d'argent dans l'exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz que jamais auparavant depuis l'accord de Paris sur le climat de 2015. Pour en savoir plus, consultez le Guaridan ici, ici et ici.

Un tribunal américain annule les lois environnementales

Au cours des deux dernières années, une série de décisions de la Cour suprême des États-Unis a considérablement affaibli le pouvoir de l'Agence de protection de l'environnement (EPA). Depuis 2022, les militants conservateurs et l'industrie fossile ont intenté de nombreuses actions en justice pour réduire les pouvoirs de l'EPA. En juin, la Cour a interdit l'application de la "doctrine Chevron", qui est une pierre angulaire du droit administratif depuis 40 ans. Jusqu'à présent, l'interprétation de lois peu claires ou formulées de manière générale était laissée aux experts des autorités. Désormais, les tribunaux pourront en décider. Cette décision porte atteinte au pouvoir de nombreuses autorités fédérales de réglementer l'environnement, la santé publique et d'autres domaines.

Plus remarquable encore, la Cour suprême a décidé d'interdire des réglementations environnementales avant même qu'elles ne soient mises en œuvre au niveau politique. Par exemple, la Cour a interdit une proposition de règlement de l'EPA visant à protéger des millions d'hectares de zones humides contre la pollution avant même qu'elle ne soit adoptée. De la même manière, en 2022, la Cour a fortement limité la capacité de l'EPA à réglementer les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques, alors que cette réglementation n'était pas encore entrée en vigueur.

La Cour suprême s'immisce donc activement dans la législation. Les entreprises industrielles, les groupes d'intérêts conservateurs et les avocats républicains ont ainsi atteint l'objectif de leur stratégie de plusieurs années visant à utiliser la justice pour influencer la politique environnementale.

Ces décisions mettent non seulement en péril de nombreuses réglementations environnementales existantes, mais peuvent également empêcher les futurs gouvernements d'en adopter de nouvelles. Si Kamala Harris remporte les élections présidentielles, elle ne pourra plus faire grand-chose pour l'environnement, et en particulier pour le climat. NY Times (paywall)

D'autres décisions de justice affaiblissent également les réglementations environnementales. En juillet, un juge fédéral a décidé que le gouvernement Biden devait à nouveau accorder des autorisations pour de nouvelles installations d'exportation de gaz naturel liquéfié. En janvier, le gouvernement avait suspendu ce processus afin d'analyser l'impact de ces exportations sur le changement climatique, l'économie et la sécurité nationale. La décision d'un tribunal de district américain est la réponse à une plainte déposée par 16 procureurs généraux républicains, qui ont fait valoir que la pause équivaut à une interdiction qui nuit à l'économie de leurs États. Nombre de ces États, dont la Louisiane, la Virginie occidentale, l'Oklahoma, le Texas et le Wyoming, produisent des quantités considérables de gaz naturel. NY Times (paywall)

Les élections américaines : Harris versus Trump

Le président américain Joe Biden s'est retiré de la course à la réélection en juillet et a soutenu sa vice-présidente Kamala Harris pour lui succéder. Harris se présente avec un solide bilan en matière de changement climatique et d'environnement. En tant que sénatrice, Harris a co-soutenu le Green New Deal et, en tant que vice-présidente, elle a contribué à l'adoption du plus grand paquet climatique américain, l'Inflation Reduction Act. "L'urgence de ce moment est claire", a-t-elle déclaré lors du sommet des Nations unies sur le climat l'année dernière. "L'horloge ne fait plus seulement tic-tac, elle bat. Et nous devons rattraper le temps perdu". Plus d'informations sur la politique climatique de Harris dans le New York Times (Paywall), The Bulletin, Guardian, Klimareporter.de

Le gouverneur Tim Walz, qui devrait devenir vice-président démocrate, a également fait beaucoup pour la protection du climat. Pour en savoir plus sur lui, consultez E&E News, Scientific American, Salon

Le Green New Deal Network, un grand réseau de syndicats et d'organisations climatiques, soutient la candidature de Harris et Walz. D'une part, cela donne à Harris un coup de pouce de la part d'électeurs plus jeunes et de gauche, qui pourraient être décisifs pour la victoire en novembre. D'autre part, c'est une aubaine pour Trump, qui présente Harris comme une gauche radicale qui veut bloquer l'exploitation des gisements de pétrole et de gaz aux Etats-Unis. Plus d'informations sur www.insideclimatenews.org

Si Donald Trump remportait les élections en novembre, il serait dans une bien meilleure position pour démanteler les lois sur l'environnement et le climat. Il serait soutenu en cela par la Cour suprême conservatrice et d'autres alliés qui ont déjà présenté des plans concrets en ce sens dans leur projet 2025. Dans une section de 32 pages consacrée à l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), ils demandent notamment l'abrogation des réglementations relatives à la pollution de l'air et la suppression du Bureau de la justice environnementale de l'EPA, qui se concentre sur la réduction de la pollution dans les zones à faible revenu et zones abritant des minorités. Ils demandent également une "diversité de points de vue scientifiques" et veulent "réformer" l'EPA en profondeur. Plus d'informations sur billmckibben.substack.com et le NY Times (paywall).

Politique climatique européenne

L'ancienne, la nouvelle présidente de la Commission

La présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (CDU/PPE), a été confirmée dans ses fonctions le 18 juillet par le nouveau Parlement européen. Une large alliance de Verts, de sociaux-démocrates et de conservateurs a réélu la femme de 65 ans à la présidence de la Commission européenne avec une majorité plus nette qu'il y a cinq ans. Tagesschau a compilé un aperçu des projets de von der Leyen.

L'approbation des Verts au Parlement européen dépendait en grande partie du maintien de politiques climatiques et environnementales centrales, mais les critiques ne manquent pas. Certes, l'European Green Deal doit être poursuivi et développé par la mise en œuvre d'un "Clean Industrial Deal". Celui-ci doit permettre d'investir des milliards dans une infrastructure et une industrie d'avenir. Reste à savoir à quoi il ressemblera exactement.  Plusieurs associations environnementales allemandes ont exigé dans un document commun la garantie de la neutralité climatique de l'industrie européenne. Mais sous la pression massive de certains groupes automobiles et partis, comme le FDP allemand, l'interdiction prévue des nouvelles voitures à moteur à combustion à partir de 2035 devrait être partiellement assouplie. L'utilisation de ce que l'on appelle les e-fuels devrait rester autorisée après cette date. Ces carburants synthétiques sont toutefois critiqués pour leur inefficacité et pour la menace qu'ils représentent pour la réalisation des objectifs climatiques.

L'Alliance climatique allemande a rassemblé les critiques de grandes organisations environnementales. Les organisations environnementales font pression pour un développement socialement équitable et une mise en œuvre rapide de l'European Green Deal. L'objectif climatique pour 2040 à l'échelle de l'UE doit en outre être fixé dans les prochains mois.

 

La Hongrie prend la présidence du Conseil de l'UE

Le 1er juillet, la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l'UE pour le deuxième semestre 2024, sous la direction du président populiste de droite Orbán. En référence au slogan électoral de Donald Trump, la devise de la présidence du Conseil est : Make Europe Great Again. Le programme officiel désigne sept thèmes principaux pour la présidence du Conseil :

  1. Nouvel accord européen sur la concurrence
  2. Renforcer la politique européenne de défense
  3. Une politique d'élargissement cohérente et basée sur la performance
  4. Réduire la migration illégale
  5. Concevoir la future politique de cohésion
  6. Une politique agricole européenne axée sur les agriculteurs
  7. Relever les défis démographiques

Une chose saute aux yeux. La politique environnementale et climatique n'occupe pas de thème à part entière, plus d'informations sur le DNR. Pourtant, le gouvernement hongrois prévoit de convenir d'une position commune de l'UE pour la prochaine conférence mondiale sur le climat à Bakou, de faire progresser le développement de la géothermie dans l'Union et de poursuivre les initiatives législatives en cours, résume Euractiv. Il est pour le moins douteux que la présidence hongroise du Conseil soit ambitieuse dans la poursuite et la mise en œuvre de ces politiques. Deutschlandfunk a rédigé une analyse détaillée.

Le nouveau gouvernement britannique de retour sur la voie du climat ?

Lors des élections législatives anticipées de début juillet, Keir Starmer du parti travailliste a pu fêter une victoire écrasante. Le parti travailliste a à peu près doublé ses sièges et compte désormais 411 députés à la Chambre des communes. Starmer a ainsi mis fin au règne des conservateurs Tories après 14 ans. L'ex-Premier ministre Rishi Sunak avait récemment fait les gros titres et suscité la controverse avec sa politique énergétique et climatique rétrograde, notamment en accordant des centaines de nouvelles licences d'exploitation de pétrole et de gaz ou en ouvrant de nouvelles mines de charbon (Politico). Sunak a ainsi fait valoir que même si la neutralité climatique était atteinte en 2050, environ un quart des besoins énergétiques devraient encore être couverts par des combustibles fossiles. Sous le gouvernement Starmer, on peut en revanche s'attendre à une politique énergétique et climatique nettement plus progressiste. La BBC a établi à ce sujet une comparaison entre le parti travailliste et les approches politiques des conservateurs.

Greenpeace UK n'attribue cependant pas la meilleure note au parti travailliste dans une comparaison des exigences électorales et rappelle qu'il faut en faire plus pour lutter contre la crise climatique. CarbonBrief propose un autre aperçu.

Allemagne

Nouvelle affaire de corruption autour du ministre des Transports Wissing ?

Mi-juillet, le magazine Frontal21 de la chaîne de télévision ZDF a fait état des liens étroits entre le ministre allemand des transports Volker Wissen, son secrétaire d'État Oliver Luksic (tous deux membres du FDP) et les lobbyistes du carburant, notamment l'association "Mobil in Deutschland" dirigée par Michael Haberland. L'accent a été mis sur la campagne "HVO100 goes Germany", qui vise à autoriser et à promouvoir le carburant diesel HVO100, obtenu à partir d'huiles végétales. Les principaux représentants du FDP se sont fortement engagés en faveur de cette autorisation - avec succès. En février déjà, le ministre avait été contraint de licencier un chef de département en raison d'accusations de népotisme (tagesschau.de). Les soupçons de corruption existaient déjà en 2023, comme le rapporte Zeit Online (paywall).

Les organisations environnementales telles que la DUH expriment de fortes réserves quant au carburant diesel HVO100 : le manque d'efficacité énergétique, les coûts élevés et la forte demande d'autres secteurs, comme le transport maritime, rendent l'utilisation du HVO100 pour les voitures peu judicieuse, a également classé la journaliste scientifique Mai Thi Nguyen-Kim dans son format YouTube.

Le plan de circulation du FDP suscite à nouveau la polémique

Une décision du FDP, intitulée "Feuille de route pour l'avenir - Une politique pour la voiture", a une nouvelle fois beaucoup fait réagir. Que les libéraux soient opposés à une limitation générale de la vitesse sur les autoroutes allemandes n'est certainement pas une nouveauté. En revanche, le fait que les jeunes puissent passer leur permis de conduire à 16 ans, que les places de parking dans les centres-villes soient si possible gratuites ou au moins proposées avec un forfait similaire au ticket à 49 euros, et que le moteur à combustion soit explicitement considéré comme un "moteur d'innovation" est certainement une nouveauté. En outre, moins de routes doivent être transformées en zones piétonnes ou en pistes cyclables et les projets de la Commission européenne concernant de nouvelles valeurs limites pour les flottes doivent être rejetés afin d'éviter "l'immobilisation de millions de véhicules". De manière presque cynique, le PLR cite qu'il est "favorable à une politique des transports sans idéologie".

La décision montre clairement qu'il ne faut plus guère s'attendre à des projets ambitieux de protection du climat dans le domaine des voitures particulières au cours de cette législature. "On ne peut pas faire plus de lobbying", a commenté la Deutsche Umwelthilfe, citée par le FR. Même l'ADAC souligne dans un entretien avec le TAZ le bien-fondé des pistes cyclables. Detlef Müller, spécialiste de la politique des transports, accuse le FDP de populisme en période électorale (voir Tagesspiegel). Du point de vue communal également, les projets sont vus d'un œil critique. Ainsi, le maire de Hanovre, Belit Onay (Verts), a fait remarquer à la NDR que seuls les centres-villes où l'on aime séjourner sont attractifs. Selon Onay, ce n'est pas en se focalisant sur la voiture que l'on crée la force économique des centres-villes.

Protestations climatiques sur l'île de Borkum en mer du Nord

Bien que l'accord de coalition du gouvernement fédéral stipule clairement qu'aucune nouvelle autorisation de forage pétrolier ou gazier ne doit être accordée en mer du Nord et en mer Baltique, la pression s'accroît sur le gouvernement régional de Basse-Saxe pour qu'il donne son accord à un nouveau projet. Le groupe néerlandais One-Dyas prévoit d'exploiter un nouveau gisement de gaz à proximité immédiate de la réserve naturelle et du patrimoine naturel mondial de l'UNESCO de la mer des Wadden. Du côté néerlandais, l'autorisation a certes déjà été accordée, mais en Allemagne, la demande d'autorisation est encore en cours de procédure. Selon les rapports de la NDR, le ministre de l'environnement de Basse-Saxe, Meyer (Verts), ne voit pas la possibilité d'autoriser ce projet, tandis que le ministre de l'économie, Lies (SPD), est d'un autre avis. Récemment, la Deutsche Umwelthilfe (DUH) a obtenu gain de cause devant le tribunal administratif d'Oldenburg, qui a interdit la construction d'un câble sous-marin nécessaire à l'exploitation de la plateforme de forage. L'extraction de gaz naturel a tout de même été autorisée à la mi-août, et l'ONG environnementale annonce d'autres démarches juridiques.

Dans le cadre des manifestations organisées par Fridays for Future sur l'île de Borkum, l'activiste climatique Luisa Neubauer critique l'extraction de gaz naturel prévue, la qualifiant de "début d'une nouvelle ère d'exploitation des énergies fossiles sur le territoire de l'Allemagne" (ZDF).

Débattre du budget : le feuilleton se poursuit

Début juillet, le chancelier Scholz (SPD), le ministre de l'Economie Habeck (Verts) et le ministre des Finances Lindner (FDP) sont parvenus à un accord sur le budget fédéral 2025 après plus de 80 heures de négociations. On a créé une "œuvre d'art", a déclaré le chancelier Scholz lors d'une conférence de presse. "Économie, climat, enfants : c'est le triptyque qui résume le paquet", a résumé Habeck. Le frein à l'endettement sera respecté, a déclaré Lindner. L'accord est intitulé "initiative de croissance", selon une lettre de synthèse du gouvernement fédéral. Sur le plan de la politique climatique, il a été convenu que le financement des énergies renouvelables serait transféré du très discuté Fonds pour le climat et la transformation (FCC) vers le budget ordinaire. Le programme de promotion des nouvelles constructions respectueuses du climat doit être augmenté. Le stockage souterrain du CO2 doit également être encouragé et le design du marché de l'électricité doit être adapté à l'avenir, c'est-à-dire à l'abandon des énergies fossiles et à l'utilisation totale des énergies renouvelables. L'organisation de protection de l'environnement et du développement Germanwatch salue le fait qu'il n'y ait pas eu de "coupes dramatiques" dans la protection du climat et de l'environnement. Néanmoins, l'accord n'est pas tourné vers l'avenir.

Après que l'accord ait été rompu quelques semaines plus tard en raison d'un avis juridique publié par le ministre des Finances Lindner (FDP) (plus d'informations à ce sujet sur RND, TAZ et Tagesschau), Scholz, Habeck et Linder ont dû se mettre d'accord sur une nouvelle proposition. Ils l'ont présentée à la mi-août. Les mesures de politique climatique ont été réduites d'environ quatre milliards d'euros, dont une grande partie pour les bâtiments. Le "programme d'action pour la protection naturelle du climat", qui doit notamment être utilisé pour la renaturation des marais, sera également réduit. Un aperçu est disponible sur Klimareporter. Par ailleurs, les réductions de l'aide à l'Ukraine sont également fortement critiquées (voir ZDF). La décision finale sur le budget sera prise par le Bundestag dans les semaines à venir. Il y aura certainement des changements.

Changement de paradigme dans le marché de l'électricité

Pour garantir un système électrique stable en période de développement rapide des énergies renouvelables, un "changement de paradigme" fondamental est nécessaire, constate le BMWK. En bref, un système électrique capable de réagir de manière plus flexible à l'offre et à la demande en période de production volatile d'électricité à partir d'énergies renouvelables. Depuis 2023, les acteurs de la politique, de la science, de l'économie et de la société civile discutent de la transformation du marché de l'électricité qui permettra de garantir la neutralité climatique, l'accessibilité financière et la sécurité d'approvisionnement. Le BMWK a maintenant préparé 120 pages de premières propositions, actuellement en consultation, sur la manière dont le système électrique allemand du futur pourrait se présenter.

Douze mois les plus humides depuis plus de 140 ans

Jamais depuis le début des relevés météorologiques en 1881, on n'avait mesuré autant de pluie qu'entre juillet 2023 et juin 2024. Il s'agissait donc des douze mois les plus humides. La sécheresse des années précédentes a ainsi été remplacée par une forte phase humide, selon le service météorologique allemand (DWD). Les conséquences ont été en partie dévastatrices. De grandes parties du nord, du sud-ouest et du sud de l'Allemagne ont été touchées à plusieurs reprises par de grandes inondations, par exemple depuis le début de l'année. Sur une période historique, les quantités et les périodes de précipitations sont de plus en plus variables, selon le DWD. Les appels à l'aménagement de "villes-éponges" et à l'adaptation au climat se font de plus en plus pressants, comme le décrit Klimareporter. L'une des principales raisons de l'augmentation des précipitations est la crise climatique, selon le ZDF. En effet, un air plus chaud peut stocker davantage de quantités d'eau, ce qui peut entraîner une augmentation des précipitations.

La crise climatique visible

Les effets de la crise climatique se font sentir de plus en plus violemment dans le monde entier. Nous pourrions à chaque fois remplir tout le journal climatique avec des nouvelles sur des événements extrêmes et des ""catastrophes naturelles"". Cette avalanche d'annonces de catastrophes est difficile à digérer. Il est important que nous nous rendions compte de l'impact énorme que notre société, notre économie et notre style de vie ont sur nous. Encore et encore. Mais à trop en faire, on finit par se sentir impuissant. Dans le journal du climat, nous essayons de trouver un juste milieu qui ébranle, mais qui ne désespère pas.

Été caniculaire mortel

Comme prévu, l'été dans l'hémisphère nord (où vit 90% de la population mondiale) a provoqué des vagues de chaleur mortelles dans de nombreuses régions. Tout autour du globe, des centaines de millions de personnes ont été exposées à la chaleur : de l'Asie - où l'Inde (Klimareporter), le Pakistan (NY Times, paywall), et le Japon (Guardian) ont été particulièrement touchés - à l'Europe du Sud (CNN), en passant par l'Amérique du Nord et du Sud (NY Times, paywall ; Mexique (Le Temps), l'Afrique, le Moyen-Orient (en Arabie Saoudite, 1300 personnes qui participaient au pèlerinage islamique sont mortes, Spiegel). Dans l'Antarctique, il a également fait beaucoup trop chaud : une vague de chaleur a fait grimper la température de 10°C au-dessus de la moyenne en juillet (Guardian). L'Organisation météorologique mondiale, le Guardian et le NY Times fournissent un bon aperçu par région (paywall).

Figure : Ecarts de la température mensuelle globale par rapport à la période 1850-1900 (source : Copernicus)

De juin 2023 à juin 2024, la température moyenne mondiale a atteint son pic, mois après mois. Le seuil de 1,5 degré de l'Accord de Paris sur le climat a été atteint ou dépassé pendant 13 mois consécutifs. Sur l'ensemble de la période allant de juin 2023 à juin 2024, la température mondiale a dépassé de 1,65 degré la valeur de référence préindustrielle, peut-on lire dans le Tages-Anzeiger. En juillet 2024, la température était à peine inférieure à celle de l'année précédente, selon le service européen sur le changement climatique Copernicus. Parallèlement, deux jours de juillet 2024 ont été plus chauds que jamais, avec des températures moyennes de 17,15-17,16 °C les 22 et 23 juillet. Carbon Brief estime que 2024 sera l'année la plus chaude depuis le début des mesures.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres appelle les Etats à mieux protéger les populations vulnérables. La chaleur extrême est "la nouvelle anormalité". Partout dans le monde, des personnes lutteraient contre les effets fatals de la chaleur extrême. Les inégalités se creusent et les objectifs de développement mondiaux sont mis à mal. Plus d'informations sur Climate Home News. Il faut des mesures de protection sur le lieu de travail ainsi que des systèmes efficaces pour avertir de la chaleur. En outre, António Guterres demande une "énorme accélération de toutes les dimensions de la protection du climat", étant donné que le réchauffement climatique progresse actuellement plus rapidement que les efforts pour le combattre.

En 2023, plus de 47 000 personnes seraient mortes des suites de températures élevées rien qu'en Europe. C'est la conclusion d'une étude publiée dans "Nature Medicine". Les chercheurs ont analysé les données de l'Office européen des statistiques sur 96 millions de décès afin d'estimer la charge de mortalité liée à la chaleur en 2023 pour 823 régions dans 35 pays européens. La Grèce, la Bulgarie, l'Italie et l'Espagne ont enregistré le plus grand nombre de décès par rapport au nombre d'habitants. Plus d'informations sur SRF.

La chaleur extrême augmente le risque de problèmes cardio-vasculaires, ce lien est connu depuis longtemps. C'est ce que confirme une nouvelle étude de synthèse pour laquelle quelque 500 travaux scientifiques ont été analysés. Les personnes âgées, les membres de minorités ethniques et les communautés moins aisées sont excessivement touchées, peut-on lire sur Inside Climate News. Les vagues de chaleur affectent également la santé mentale, montrent de nouvelles recherches. En période de forte chaleur, les personnes souffrant de problèmes psychiques sont plus nombreuses à se rendre aux urgences psychiatriques et le taux de suicide augmente, peut-on lire sur CarbonBrief.

Les incendies sont plus chauds, plus massifs, et plus tôt

La saison des feux de forêt commence plus tôt que prévu à certains endroits. Au début de l'année, alors que la saison des pluies commence normalement, un nombre record d'incendies de forêt s'est produit à la pointe nord de l'Amazonie : près de 13 500 incendies ont été enregistrés en Amazonie, un nombre jamais atteint depuis 20 ans. Les incendies se déclarent également dans des endroits qui devraient être trop humides pour le feu. Ainsi, le Pantanal, entre le Brésil et la Bolivie, brûle depuis des semaines. Le Paranal est la plus grande zone humide tropicale et l'une des régions les plus riches en espèces du monde. Plus d'informations dans le NY Times (paywall), le Guardian et la SRF.

Des températures plus élevées assoiffent l'atmosphère, qui absorbe alors davantage d'humidité du sol et de la végétation. Les forêts sèches sont plus facilement inflammables et les incendies de forêt de grande ampleur sont de plus en plus fréquents. Les vagues de chaleur et les périodes de sécheresse intenses attisent actuellement de graves incendies en Californie, en Oregon et au Canada. Plus d'informations sur insideclimatenews.org et le NY Times (paywall). La Russie a signalé une augmentation de 50 pour cent de la surface brûlée par rapport à 2023.

Les incendies de forêt extrêmes ont doublé au cours des deux dernières décennies, révèle une nouvelle étude. La plupart de ces incendies plus intenses se sont produits dans les forêts de conifères d'Amérique du Nord. Le nombre d'incendies y a été multiplié par plus de 12 au cours des 20 dernières années. Voir NY Times (paywall).

Inondations et glissements de terrain

Plus de 200 personnes ont été tuées dans des glissements de terrain en Éthiopie. Après de fortes pluies, un versant en amont d'un village s'est effondré et a enseveli les maisons sous la boue. Les voisins et les sauveteurs qui s'étaient précipités pour aider ont été touchés par un deuxième glissement de terrain. Plus d'informations dans le NY Times (paywall). Au Kerala, dans le sud de l'Inde, bien plus d'une centaine de personnes sont mortes après que des pluies torrentielles aient provoqué d'énormes coulées de boue. Plus dans le NY Times (paywall) et le Tages Anzeiger (paywall). Plus de 240'000 personnes ont été évacuées dans l'est de la Chine après que des pluies torrentielles aient fait gonfler le fleuve Yangtsé dans une grande partie du pays. Plus d'informations sur la RTS.

Nouvelles de la science du climat

Le budget CO₂ s'épuise plus vite que prévu

De nouvelles données de la Global Climate Change Initiative montrent que le budget mondial de CO₂ diminue plus rapidement qu'on ne le pensait jusqu'à présent. Au niveau mondial, 150 milliards de tonnes de CO₂ peuvent encore être émises si nous voulons respecter l'objectif de 1,5 degré avec une probabilité de 67%. Avec les émissions mondiales actuelles d'environ 40 milliards de tonnes, le budget CO₂ sera épuisé en 2028. Si l'on veut maintenir le réchauffement en dessous de 2 degrés avec la même probabilité, il reste encore 900 milliards de tonnes de CO2.

Source: Tages-Anzeiger (paywall)

Les pays pauvres ont besoin de réparations

Ceux qui ont le plus contribué à la crise climatique doivent soutenir ceux qui en souffrent le plus. Tout le monde en profiterait. L'Europe et les Etats-Unis sont historiquement à l'origine de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre, alors qu'ils ne représentent qu'un huitième environ de la population mondiale. Au niveau individuel, les différences sont également énormes : selon les calculs de l'ONG Oxfam, les 10% les plus riches de la population mondiale sont responsables de la moitié de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Font partie des 10% les plus riches tous ceux qui gagnent plus de 36'000 francs par an.

Après des décennies de pression de la part des petits Etats insulaires et d'autres pays en développement, un accord a été trouvé lors de la conférence mondiale sur le climat de 2022 pour la création d'un fonds financé par les pays riches et destiné à payer des réparations aux pays particulièrement menacés par le changement climatique. Les Etats-Unis ont promis 17,5 millions de dollars, l'Allemagne et la France 100 millions chacune. Globalement, c'est beaucoup trop peu. Une étude publiée l'année dernière dans la revue spécialisée "Nature" estime que les pays riches doivent près de 200 trilliards de dollars de compensations aux pays plus pauvres pour la crise climatique.

A titre de comparaison, en 2020 et 2021, les pays du G20 ont débloqué environ 14 trilliards de dollars d'aide à la relance pour contrer les effets de la pandémie Covid. Pour réellement générer des milliards pour le fonds, l'ONU pourrait créer un instrument obligeant les pays industrialisés à allouer un certain pourcentage de leur produit intérieur brut aux pays en développement. Ou bien certains pays pourraient taxer fortement leur industrie fossile et faire profiter des recettes à ceux qui en ont besoin en raison de la crise climatique, dans leur propre pays ou à l'étranger. Plus d'informations dans la République.

Actif contre le désespoir

"L'optimisme et l'espoir sont des muscles que nous devons entraîner", déclare le climatologue Rob Jackson. Son nouveau livre offre un paradigme sur la manière de penser le changement climatique et la santé de la planète. Plus sur Inside Climate News 

Parler de la crise climatique avec sa famille et ses connaissances met beaucoup de monde mal à l'aise. Mais ne pas en parler n'est pas non plus une solution. La République propose 36 questions qui peuvent servir de base à une réflexion commune.

Vent en poupe pour la protection du climat : 80% de la population mondiale veut plus de protection du climat. Les opposants à une politique climatique efficace reçoivent trop d'attention. Cela ne changera que si le changement est organisé de manière socialement équitable. Plus sur Klima Reporter.

Aperçu des votations à venir et des initiatives :

  • Initiative pour la biodiversité : 22 septembre (sur le lien entre climat et biodiversité, voir ce rapport)
  • Référendum contre l'extension de l'autoroute : 24 novembre
  • Les Verts récoltent des signatures pour leur initiative solaire. Elle veut rendre obligatoires les installations solaires sur les bâtiments.
  • L'association Protection du climat Suisse prévoit une nouvelle initiative populaire. (Le contenu de l'initiative sera élaboré en collaboration avec des personnes intéressées et des experts.
  • Cette année encore, Greenpeace veut lancer l'initiative populaire pour une place financière durable afin de mettre le secteur sur la voie du climat.

Merci et salutations chaleureuses de la part d'Anja, Thomas et Sebastian ! N'hésitez pas à faire circuler le journal sur le climat.